Turfan
Turfan, 11-14 juillet
Sur un haut plateau à la confluence de deux rivières encaissées,
s’écroulent les ruines sableuses d’une cite abandonnée. Les murs et les rues
creusés à même la pierre se fondent chromatiquement aux montagnes alentours et
aux greniers de briques ajourées des séchoirs à raisins sur les collines
environnantes, mais les vallées verdoyantes en contrebas coupent cette ocre
monotonie. Les grottes, les palais enterrés, les monastères bouddhistes, la
forêt de stupas érodées, la tour de guet, les chambres et alcôves étagées en
niveaux, les trous, les ajourures qui percent la roche friable, les profils
jaunes sculptés par le vent émergent et s’enlisent, provoquent un sentiment d’étrangeté
lunaire devant l’impossibilité à s’imaginer les coutumes du peuple qui les
habita quelques 1600 ans auparavant. J’imagine des tapis ou des étoffes tissées
aux motifs étranges recouvrant murs et sols, les étagères creusées dans la
roche emplies d’objets inconnus et de volumes rédigés en une langue disparue,
des hommes et des femmes vêtus d’habits pouvant aussi bien prévenir la canicule
que les glaciations hivernales… mais ces évocations sont de pures chimères sans
fondement. Les maigres fresques bouddhistes ayant survécu aux pillages des archéologues
occidentaux ou aux défigurations des musulmans sont d’inspiration grecque,
byzantine et perse.